Le Château des animaux, tome 4 : le sang du roi, de Delep & Dorison (Casterman) — Et si la désobéissance civile n’était pas juste un truc de bisounours, mais la forme la plus moderne de contestation ? Cette excellente série populaire tente de nous montrer que ce mode d’action sans violence — et pourtant redouté du pouvoir — est non seulement le plus rassembleur, mais peut-être aussi le plus porteur.
L’envers du rêve américain en 16/9e
Detroit Roma, d’Elene Usdin & Boni (Sarbacane) — Quand le 9e art rend hommage au 7e art… Dans ce road-trip crépusculaire où les décors semblent factices et les personnages spectraux, Detroit est devenue une ville fantôme, et Rome apparaît comme un rêve surgi du passé. C’est triste comme le monde, mais par Jupiter qu’est-ce que c’est beau !
Le grand magasin des horreurs
La Dernière Maison juste avant la forêt, de Régis Loisel et Jean-Blaise Djian (Rue de Sèvres) — Dix ans après Peter Pan, Loisel nous revient au dessin. On savait que celui-ci aimait mettre de la magie dans ses récits, mais après tant de temps, ce retour est-il vraiment magique ? Avec cette farce horrifique un brin décevante, il est permis d’en douter…
L’autre position du missionnaire
Les Sentiers d’Anahuac, de Jean Dytar & Romain Bertrand (Delcourt) — Depuis une dizaine d’années, Jean Dytar mène son petit bonhomme de chemin, sans faire de bruit. Avec ce nouvel opus remarquable, tout juste récompensé par le Grand Prix de la Critique et traitant de l’évangélisation de l’Amérique latine par les Espagnols, il ajoute une nouvelle pierre (de taille !) à sa bibliographie, aussi passionnante qu’originale.
Poupées maléfiques et esprits frappeurs
Deryn Du, de Guillaume Sorel (Dupuis) — A travers cet album, Guillaume Sorel a voulu transmettre le sentiment de peur. Le talent graphique est certes bien au rendez-vous. Mais si les corbeaux qui hantent le récit sont tout à fait lugubres, la chair de poule, elle, est plus discutable…
Dernier tour d’horloge
Crénom, Baudelaire, tome 3 : Le Serpent qui danse, de Dominique et Tino Gelli (Futuropolis) — Suite et fin du portrait consacré au poète hors norme qu’était Baudelaire. Loin d’être une hagiographie, ce récit nous montre toutes les facettes du personnage, dont les aspects détestables contrastaient avec la poésie éthérée. Grandiose, tout simplement !
2000 milliards de galaxies, et moi et moi et moi
Voyage dans l’infiniment grand, de Théo Drieu & Giulia Mammone (Delcourt) — Cet excellent ouvrage didactique risque bien de vous donner quelques vertiges. Une sensation très excitante, proche de l’émerveillement, mais aussi une expérience d’humilité face à l’immensité de l’espace qui nous entoure et nous ramène à notre insignifiance.
Le cas Luke, revenu des ombres
Dakota 1880, d’Appollo & Brüno (Dargaud) — D’un côté, il y a les « sachants », de l’autre, les ignares. Et les sachants le savent bien, Lucky Luke n’est pas un héros fictif, il a vraiment existé ! Ce récit surprenant qu’est Dakota 1880 va nous le prouver !
Derrière le tableau, les héros et les salauds
L’Oubliée du radeau de la Méduse, de Thierry Soufflard et Gilles Cazaux (Marabulles) — Ce récit maritime, basé sur des faits réels, celui-ci nous saisit littéralement à la gorge, tel un thriller avant l’heure. Derrière la brillante démarche artistique de Géricault, se dissimulait une épopée âpre à peine adoucie par la touche de romance inventée.
Monades nomades en no man’s land
Silent Jenny, de Mathieu Bablet (Rue de Sèvres/Label 619) — Avec ce nouvel album remarquable, Mathieu Bablet creuse un peu plus son sillon et s’impose définitivement comme un des chefs de file de la BD contemporaine. Rarement un récit de SF aura parlé aussi bien de notre époque, cernée par de multiples menaces.
